« A quoi bon dessiner une énième chaise ! » une explication souvent entendue dans le domaine du design, tant tout a déjà été inventé. C’est aussi pour réagir à la surconsommation, cette quête du nouveau, remplaçant l’ancien hors d’usage ou de mode. Pourtant le design d’une chaise reste toujours un exercice pertinent pour exprimer l’air du temps, l’usage, les rêves et aspirations en termes de confort ou de statut d’une société. La Design Week de Milan 2021 a été l’occasion de redécouvrir l’assise sous un nouveau jour.
Et si on prenait une chaise, le temps de réfléchir aux enjeux de notre société et notamment du développement durable ? « One chair, one vision », une installation proposée par le Groupe ICA, Oneworks et l’agence Plinio il Giovane, invite à prendre son temps pour s’interroger sur l’éthique de notre société et prendre position en tant qu’individu ou entreprise. Devant chacune des 17 chaises (revêtues de peinture écologique) s’affichent les visions d’experts sur les 17 objectifs de développement durable fixés par l’ONU en 2015 et signés par 193 pays pour mettre fin à la pauvreté, protéger la planète et permettre à tous les peuples de vivre en paix et de façon prospère. A lire ici en détail.
Le projet « Cross Cultural Chairs » interroge le lien culturel qui nous lie à la chaise. Alors que le design tend à se globaliser, marqué par l’occidentalisation, d’autres façons de s’asseoir persistent à travers le monde. Le designer Matteo Guarnaccia a parcouru huit pays pour un travail d’analyse comparative de ces usages et sortir la chaise de son apparente banalité. En quoi la chaise impacte notre façon de vivre ensemble et vice versa ? En collaboration avec des designers locaux il a fait émerger des créations de chaises qui sont aussi des condensés culturels. Le projet a abouti à une exposition itinérante, un site web, ainsi qu’un documentaire et livre propices à un débat sur l’identité et ce qui fait collectivité à travers le design.
Plus glamour, Dior a fait appel à 17 artistes et designers pour réinterpréter la chaise médaillon, chaise emblématique de Christian Dior, qui y faisait asseoir ses invités. Philippe Starck s’était déjà illustré en transposant la chaise de style Louis XVI en polycarbonate transparent pour Kartell il y a 20 ans. La voici revisitée à l’occasion du Salon de Milan par les grands noms du design. Jouant avec les matières, les couleurs, déconstruisant les formes et les symboles les créateurs ont eu carte blanche. De cette fusion de l’univers de la marque Dior et de celles des créateurs résulte une grande poésie. On prend plaisir à s’immerger dans ces histoires-chaises en découvrant l’imaginaire de chaque designer qui répond et enrichi celui de la marque Dior, qui révèle ainsi sa pluralité et sa modernité.
Le Salon du meuble de Milan, reporté maintes fois pour cause de pandémie, s’est tenu de façon plus réduite, d’un point de vue nombre d’exposants mais aussi de surface de présentation limitée le long de parois communes, avec peu de profondeur, quasi en 2D. Des QR-Codes accompagnant chaque objet apportaient le surplus d’information et de contextualisation. Ce dispositif n’a pas empêché le salon, surnommé Supersalone, d’être un vivier d’inspirations, les éditeurs faisant preuve de créativité tout en se focalisant sur les produits phares de la saison. Ainsi sur le stand de Molteni&C on a pu vivre une expérience de voyage dans le temps et « en avion » mis en scène par Ron Gilad avec le fauteuil Round D.154.5 de Gio Ponti (1954) réédité pour l’occasion.
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